Le Docteur Steven Treon fait l’annonce d’une avancée capitale dans le domaine de la recherche sur la Maladie de Waldenström dans un article publié le 12 Décembre 2011 sur le site du Dana Farber Cancer Institute à Boston (USA), dans lequel se situe son laboratoire : le Bing Center for MW.
Les résultats des études menées par l’équipe du docteur Treon ont fait l’objet d’une présentation au dernier congrès de l’ASH (la Société Américaine d’hématologie) à San Diego en Californie.
Ils représentent un immense espoir pour toutes les personnes atteintes de cette pathologie de voir ces recherches déboucher d’ici quelques années sur la mise au point d’un traitement sur la Maladie de Waldenström.
Les discussions sur la liste d’échange vont bon train pour commenter ces derniers résultats et un nouvel article du docteur Treon concernant cette découverte importante est prévu dans le tout prochain numéro de Torch de printemps en Avril 2012 !
L’article complet en anglais n’est plus disponible sur le site internet de l’institut Dana-Farber. Vous trouverez ci-dessous sa traduction :
Les scientifiques du Dana-Farber Cancer Institute ont identifié une mutation génétique qui sous-tend la grande majorité des cas de Macroglobulinémie de Waldenström, une forme rare de lymphome qui a échappé à tous les efforts précédents de trouver une cause génétique.
Le résultat de ces recherches (abstracts 261, 300, 434 et 597), qui sera présenté à la réunion annuelle de l’American Society of Hematology 2011, le lundi 12 décembre, montre qu’une erreur dans une seule séquence de l’ADN – une sur les trois milliards de séquences du code génétique humain – est la principale coupable de la maladie de Waldenström. Cette erreur devient une cible de choix pour de nouvelles thérapies contre la maladie. La découverte a été faite par le séquençage du génome des cellules tumorales de patients de Waldenström et la lecture des séquences d’ADN une à une pour voir où se situait la différence avec l’ADN des cellules normales du malade.
« Nous avons constaté que les cellules tumorales dans quatre vingt dix pour cent des patients analysés contenaient une mutation ponctuelle unique, une erreur dans l’une des bases qui composent les « barreaux » de l’hélice de l’ADN, explique Steven Treon, MD, Ph.D., qui a dirigé la recherche avec son collègue Zachary du Dana-Farber Hunter. « Dans les expériences suivantes, lorsque nous avons traité les cellules tumorales avec des médicaments qui ciblent la voie activée par le gène muté, les cellules ont subi l’apoptose, ou mort cellulaire programmée. Ces résultats suggèrent que de nouveaux traitements efficaces qui ciblent directement les cellules tumorales sont désormais possibles pour les personnes atteintes de la maladie. »
Depuis que la maladie a été décrite pour la première fois, il y a 70 ans, tous les efforts précédents pour traquer une cause génétique ont été infructueux, remarque Treon. Pour la recherche actuelle, Treon et ses collègues ont procédé à un séquençage complet du génome des cellules tumorales de 30 patients Waldenström. En collaboration avec la société Complete Genomics de Mountain View, en Californie, les chercheurs ont comparé ligne à ligne les séquences de cellules tumorales et de cellules non tumorales pour identifier les différences.
Quatre-vingt dix pour cent des cellules tumorales avaient une mutation ponctuelle du gène MyD88.
« La mutation entraîne les cellules à produire une protéine anormale, qui ouvre la voie de signalisation IRAK, conduisant à l’activation de NF-kB, une protéine qui est essentielle pour la croissance et la survie des cellules tumorales de Waldenstrom», commente Treon.
« Lorsque nous avons interrompu cette voie en bloquant la protéine anormale avec les molécules chimiques adéquates , les cellules tumorales sont entrées en apoptose. » Encore plus important, les molécules testées n’ont eu aucun effet indésirable sur les cellules normales.
La découverte d’une signature génétique de la MW permettra aux médecins de déterminer avec certitude quels patients sont atteints de MW et non d’une maladie voisine, comme d’autres formes de lymphome ou de myélome multiple, a ajouté Tréon. Les médicaments qui bloquent la protéine anormale ou d’autres protéines dans la voie NF kB pourraient, théoriquement, interrompre le cours de la maladie. Certains de ces médicaments existent déjà, ayant été développés pour d’autres maladies.
Treon et ses collègues travaillent actuellement à en développer d’autres et sont en train de les tester dans des modèles expérimentaux.
Le financement de cette recherche a été assuré par la Fondation IWMF, la famille Bing et la fondation Coyotte.
C’est un super résultat, porteur d’espoir pour les malades.
Et d’excitation intellectuelle pour les esprits curieux de biologie.
Il ouvre vraiment la voie à des traitements possibles.
Le produit essayé entraine la mort des cellules B tumorales et pas des cellules B non tumorales.
Il faudra cependant s’assurer que cela n’emmène pas à la mort programmée (l’apoptose) d’autres types cellulaires que les cellules B qui n’auraient rien de tumoral.
10% des malades n’ont pas cette mutation. Soit il y a erreur sur le diagnostic, mais je ne vois pas Treon ne pas s’être assuré de ça avant de commencer les séquençages.
Soit ils sont effectivement Wald et il faut comprendre par quelle voie alternative la non mort des cellules tumorales est obtenue. Cela aussi serait un pas important dans la connaissance de la maladie.
Enfin, je vois dans l’annonce de Tréon un autre intérêt, non plus clinique (traiter) mais diagnostique : dans un tube, sur des cellules B du malade, on pourra vérifier si le traitement entraîne en apoptose les cellules cancéreuses ou si le malade fait partie des 10%. Dans ce dernier cas, on ne commencera pas un traitement pour rien.
Bernard
Steven Treon a commenté en direct au congrés de Londres les résultats de ses travaux. Vous trouveraez très bientôt le compte rendu de Londres qui vous en dira plus.
Michel